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La Fed arrive presque au bout de son cycle de resserrement monétaire

Patrick Aussannaire
Responsable Relations Emprunteurs publics CAPVERIANT
02 février 2023

Lors de la réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC) qui s’est tenue mercredi 01er février, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux directeurs cibles Fed funds de 25 points de base (bp) supplémentaires pour les porter à un niveau compris entre 4,50 et 4,75% qui n’avait pas été atteint depuis 2007. Au total, la Fed a jusqu’ici relevé ses taux de 450 bp en moins d’un an, soit deux fois plus fortement et trois fois plus vite que lors de son dernier cycle de resserrement entamé en 2016, mais la dernière hausse est plus faible que celle de 50 bp de décembre et les quatre précédentes de 75 bp.

 

Mais le cycle n’est pas terminé. La président Jerome Powell a évoqué à la conférence de presse qui a suivi la réunion du FOMC « quelques hausses supplémentaires » de taux avant que la politique ne soit suffisamment restrictive. Le taux directeur réel (défalqué de l’inflation) est redevenu positif, le plafond et la bande inférieure de la fourchette de taux Fed funds (4,50% et 4,75%) étant tous deux supérieurs à l’indice de prix hors prix énergétiques et alimentaires des dépenses de consommation « Core PCE » (à 4,4% en janvier) pour la première fois depuis 2019, qui est une mesure clé que la Fed espérait atteindre.

Source: Macrobond, ING


D’ici la prochaine réunion du 22 mars, la Fed disposera de de deux autres rapports sur l’emploi et deux sur l’inflation, à 6,5% actuellement et 5,7% sur l’inflation sous-jacente. Si des fortes baisses de l’inflation sont attendues d’ici le début du deuxième trimestre, avec une économie américaine qui continue de ralentir, l’emploi reste le point fort inquiétant la Fed. Si une nouvelle hausse de 25 bp le 22 mars semble acquise, les marchés anticipent qu’il s’agira de la fin du cycle. Or, les membres du FOMC tablaient dans leurs dernières prévisions sur un point haut de 5 à 5,25% atteint à la fin de l’année, avant le début d’un cycle de baisse des taux en 2024 décalé de 6 mois par rapport aux anticipations de marché mais d’une ampleur similaire qui ferait revenir les taux directeurs à un niveau de 2,50% en début d’année 2027.

Source : Chatham Financial

Dans ce contexte, la courbe des taux américains reste remarquablement inversée : jamais au cours des quatre dernières décennies les taux à long terme (le taux 10 ans se situe à environ 3,4%) n’avaient été soient aussi éloignés du taux Fed Funds, en particulier lorsque la Fed continue de relever les taux. Cette situation particulière de marché provient sans doute des stigmates laissés par les très longues années de taux zéro, d’assouplissement quantitatif dans un contexte de risque de crise et de déflation auprès des investisseurs qui considèrent toujours le retour actuel de l’inflation comme une situation temporaire.

La zone euro devrait également très vite être confrontée à une situation analogue puisque le taux de refinancement de la BCE a été relevé aujourd’hui à 3% et le taux de dépôt à 2,25%, alors que le taux allemand à 10 ans se situe autour de 2,25% et le taux de swap euro de même maturité autour de 2,80%. Et ceci alors que la BCE est nettement moins avancée dans son cycle de resserrement monétaire que son homologue américaine, et que l’inversion de la courbe des taux européens pourra donc s’accentuer davantage au cours des prochains mois avec la remontée des taux directeurs et des taux à court terme.