Patrick Aussannaire
Responsable Relations Emprunteurs publics CAPVERIANT
22 février 2023
La publication d’indices PMI d’activité meilleurs que prévu tant en Europe et qu’aux États-Unis ont confirmé l’impression que la perte de dynamique économique craint fin 2022 est beaucoup moins forte qu’attendu. L’indice PMI composite a rebondi de 2 points à 52,3, signe d’une économie européenne qui rebondit après les faibles performances des derniers mois, notamment grâce à la disparition des problèmes d’offre. L’enquête a révélé que les commandes en attente sont désormais mises en production, que la demande s’améliore sous l’effet d’un regain d’optimisme des consommateurs qui pensent que le pic d’inflation est passé et qu’une récession est évitée, mais aussi que la crise énergétique s’atténue, les prix du gaz représentant environ un tiers de leur pic atteint mi-décembre.

Source: Trading Economics
Les pressions inflationnistes continuent de s’atténuer, surtout dans le secteur manufacturier du fait de l’atténuation des problèmes d’offre et de l’accumulation des stocks qui s’est traduit par une baisse des prévisions de prix de vente des entreprises manufacturières, bien que le niveau reste historiquement élevé. Dans les services, la hausse des coûts salariaux est un facteur important de la persistance de la forte augmentation du coût des intrants qui se traduit par la persistance de prix de vente élevées.
Une économie meilleure que prévu et de pressions inflationnistes élevées dans les services ont renforcé les attentes de resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), et tiré les rendements à la hausse. Une des colombes de la BCE, Olli Rehn, a ouvert la porte à des hausses de taux en juin et pendant l’été. Fabio Panetta une autre colombe a souligné que les hausses devaient se poursuivre après mars. Ces signaux envoyés par les membres modérés de la BCE, et minoritaires au Conseil, montrent que les trois hausses supplémentaires prévues par la courbe swap sont crédibles. De même, le rendement du Bund allemand à 10 ans à 2,5 % et les taux swap 10 ans à plus de 3% semblent peu élevé au regard des anticipations de taux de la BCE à 3,75% d’ici la fin d’année.

Source: Refinitiv, ING
Les taux américains ont grimpé de 60 points de base (bp) depuis début février pour revenir flirter avec les 4% sur le 10 ans, notamment sous l’effet d’une hausse fulgurante du point mort d’inflation à 2 ans de 1 point de pourcentage en l’espace de quatre semaines, montrant la persistance de l’inflation anticipée à horizon 2 ans aux Etats-Unis. Le rendement réel 2 ans est resté stable autour de 1,85% sous l’effet de la hausse des taux qui a compensé le mouvement de l’inflation. La courbe des taux américains était fortement inversée du fait de l’anticipation de baisses de taux directeurs dès cette année. Le taux monétaire à court terme américain Libor 6 mois (5,25%) est ainsi supérieur de 140 bp au rendement 10 ans, après que l’écart ait atteint un niveau historique extrême de 180 bp.

Source: Chatham Financial
Un mouvement analogue est en cours en zone euro, le marché anticipant un taux Euribor 6 mois à un niveau de 3,90% dès fin août prochain, alors que le taux de swap 10 ans se situe actuellement autour de 3,10%. Ces niveaux montrent que tant que les pressions inflationnistes resteront fortes et que les économies ne seront pas en récession, des baisses de taux pourtant anticipées par le marché ne sont pas à l’ordre du jour, et que les taux euro et américains à long terme resteront orientés à la hausse.